Retour sur ma lecture de » La déchéance d’un homme » dessiné par le mangaka, Usamaru FURUYA. Il fut publié tout d’abord chez SAKKA – Casterman en 2 volumes en 2011, sous le titre » je ne suis pas un homme » puis dans un tome unique chez IMHO en avril 2022, sous le titre » La déchéance d’un homme » au prix de 29€.
Ce volume de 608 pages offre une nouvelle version avec une dizaine de page dessinées en plus, des pleines pages, et les extraits du roman.
En effet, il s’agit de l’adaptation du roman japonais du même nom, écrit par Osamu DAZAI et publié en 1962.
Il est intéressant de voir que ce roman, maintenant dans le domaine public depuis 2019, a servi de base à plusieurs adaptations notamment grâce à ces thèmes abordés atemporels.
- Trois manga, celui de Usamaru FURUYA (2009) , un du collectif Variety Artworks / Team BANMIKAS (2010) et celui de Junji ITO (2017), disponible en 3 tomes chez Delcourt/Tonkam.
- Un film d’animation (2009), produit par Madhouse (Parasite, Beck, Summer Wars ), chara-design par Takeshi OBATA
- Une libre interprétation avec le film « Human Lost » disponible sur Netflix. (2019)
« Fun » Fact : Œuvre semi-autobiographique et fasciné par le suicide, Osamu DAZAI se serait donné la mort quelques jours après avoir terminé ce roman…
Mais de quoi parle ce manga, Jamy ?
L’histoire débute sur Usamaru FURUYA ( oui le mangaka lui-même), qui en panne d’inspiration navigue dans les méandres d’Internet. Jusqu’à se faire alpagué par un site au titre assez aguicheur » Je ne suis pas un homme » , un site autobiographique de Yozo Oba.
Cette mise en abîme nous permet de suivre Yozo, de son adolescence à l’âge adulte.
Un personnage atypique, hanté par des traumatismes de l’enfance, le poussant à revêtir un masque social pour se faire aimer de tous.
» Personne n’aime ceux qui ont l’air trop parfaits. Il faut savoir se dévaloriser pour être aimé. »
Gosse de riche, entretenu par son père, il ne se sent pas « normal » et se sent obligé de jouer un rôle, un « bouffon ».
N’étant pas particulièrement studieux, il trouve néanmoins un havre de paix dans le dessin.
Malheureusement, le couperet tombe quand il se fait coupé les vivres par son géniteur.
Ainsi débute sa déchéance à l’âge de 17 ans.
Afin de survivre, il use de sa gueule d’ange pour se faire entretenir et vivre auprès de femmes.
Petit à petit, son état mental décline, le faisant tomber dans les travers de notre société, dépression, alcool, sexe, abus, drogue…
Je n’en dis pas plus pour pas vous gâcher la découverte mais je vous garanti que vous vous souviendrez de ce manga.
🚨 Attention ! Lecture réservée à un public averti, ce manga contient des scènes de sexe explicites et des thèmes abordés durs (drogue, suicide, viol, alcoolisme). 🚨
Que dire que j’ai été happé par l’histoire que j’ai lu d’une traite.
Ce récit assez dure et éprouvant nous dépeint la chute de quelqu’un qui pourrait être n’importe qui, même nous…
Tenu en haleine tout le long, on se demande comment le protagoniste va se sortir de cette torpeur, ce cercle vicieux infernal.
Néanmoins je n’ai eu aucune empathie pour lui, trouvant que chaque situation découlait de ses mauvais choix. Bien sûr, il a vécu une enfance difficile, sous la coupe d’un père autoritaire, devenant un individu qui ne ferait pas de vague dans une société japonaise formatée.
J’ai également ressenti une certaine « fascination » pour lui, notamment les interactions avec la gente féminine.
Yozo use et abuse de ses charmes pour vivre aux crochets de femmes ayant traversées des épreuves de la vie et sachant pertinemment qu’il était aussi brisé qu’elles… Aimer, ne serait-ce pas célébrer la rencontre de deux solitudes ?
Malgré une rencontre salvatrice avec une jeune femme pure et innocente, Yozo retombe dans ses travers comme si il ne s’autorisait pas à être heureux.
J’ai été touché par un évènement choquant arrivant à cette femme dans la seconde partie… Une personnage angélique, traumatisée, souillée par cette société pourrie…
Le manga nous fait réfléchir sur la question de la « normalité » dans la société et lance un regard sombre sur cette jeunesse désabusée. Car ne portons-nous pas aussi ce masque social pour se faire apprécier de tous et pour ne pas se faire rejeter ?
Il s’agit de la seconde œuvre que je lis de Usamaru FURUYA (la premier étant Litchi Hikari Club).
Je trouve ses dessins tout simplement sublimes.
Il nous offre un trait captivant, magnifique, tantôt malaisant notamment ces dessins dans la mer ou les phases de la folie, tantôt criant de réalisme et de noirceur.
Ayant maintenant lu l’interprétation de Usumaru FURUYA, je suis curieuse de lire celle de Junji ITO.