
Mon bourreau de pere est enfin mort - un manga d'utilité public

Profitant des offres occasion du site « anime-store », j’ai saisi l’opportunité de me procurer à petit prix « Mon bourreau de père est enfin mort », de Piroyo ARAI (6.95 € neuf – 3.48€ en occasion) des éditions MEIAN.
Le titre nous mettant déjà dans le bain, ne vous laisser pas berner par la simplicité du dessin de la couverture. L’expression de ne pas juger un livre par sa couverture n’a jamais autant vrai…
Je vous assure que vous en sortirez pas indemne…
Synopsis :
Message aux parents qui maltraitent leurs enfants.
Les enfants n’oublient rien.
Ni les coups, ni les abus.
Il en va de même pour les insultes et le sentiment d’être trahi sans cesse.
J’aimerais que vous gardiez une chose en tête :
lorsque vous prendrez de l’âge, souvenez-vous que votre destin sera entre leurs mains.
J’aspirais seulement à une vie normale… Avec des parents normaux…
Avant-propos, ce manga n’est pas à mettre entre toutes les mains, il aborde sans détour des sujets pouvant heurter la sensibilité : violence physique et psychologique, abus sexuel…
Si vous êtes victime ou si vous connaissez des personnes dans cette situation, effectuez un signalement au 119.
quand la violence devient quotidienne...
A travers les 6 chapitres, Piroyo ARAI nous livre un manga autobiographique sans détour de son enfance dans un foyer gangréné par la violence quotidienne à sa reconstruction et son combat de tous les jours pour se libérer de cette souffrance.
Ici aucun ménagement, c’est cru, direct et surtout ça déborde de sincérité. Ne vous fier pas au trait du dessin simpliste car croyez-moi, l’horreur est bien présente…
Au fil de ma lecture, je suis passée par une multitudes de sentiment mais celui qui prédomine est bien celui de la colère. Dès les premières pages, Piroyo parle de son foyer familiale, un père violent manipulateur, une mère violenté restant malgré tout et ses deux grands frères, tout aussi impuissants.
Triste constat que d’apprendre que ses plus lointains souvenirs, ne sont pas des moments de joie mais des souvenirs déjà ternis par les cris d’un père alcoolique brutalisant sa mère.
Vous me direz pourquoi ne pas en parler ?
Pourriez-vous dénoncer un père qui en façade auprès du voisinage, semble être parfait. » celle du bon voisin aimable, celle du bon père de famille ». Des propos dignes d’un témoignage de fait divers où on soupçonne jamais un foyer d’abriter l’horreur…
Société où l’image du paraitre, de la bonne figure « tatemae » fait légion, difficile de prendre son courage à deux mains pour briser ce tabou. Une telle pression psychologique pourrait faire hésiter n’importe quel enfant.
Chaque page tournée était l’occasion pour moi, de m’insurger de cet être abjecte, un être sensé guidé son enfant, le protéger. Difficile de voir l’emprise de cet homme sur sa famille, un environnement toxique où chaque personne tente de se protéger tant bien que mal. Vous vous doutez bien que cela marquera fortement notre protagoniste dans sa construction vers une vie d’adulte.

Violence psychologique - s'en sortir à tout prix.

Cette violence subit dès l’enfance a eu des répercutions sur Piroyo. A travers ses propos, on peut comprendre aisément qu’elle a développé une faible estime de soi.
C’est en grandissant qu’elle a pris conscience qu’elle avait besoin des autres pour pouvoir aller mieux, quitte à devenir une manipulatrice ayant une dépendante affective.
Un sentiment constant d’être aimer et craingnant à chaque conflit un abandon…
Elle a ce besoin de contrôler les hommes, de savoir qu’on la reconnait comme une personne à part entière.
Pour elle, c’était clair, tous les travers de sa vie, était uniquement dû à son père. Le blâmer était un motif pour excuser celle qu’elle était devenue.
Et pour se libérer de ce poids, son unique souhait est de le voir mourir.
Je ne vous parlerai pas de la fin du manga qui abordera l’une des possibles raisons de cette violence, permettant aux lecteurs d’avoir un regard nuancé sur ce bourreau.
Malgré les épreuves de son père il est difficile pour elle de lui pardonner.
Sans surprise, l’inéluctable arriva mais ce n’est pas pour autant que Piroyo se senti libéré…
Mon avis
Après avoir lu My Broken Mariko, qui m’avait laissé un sentiment amer dans le fait que j’aurai aimé que le suicide ne soit pas une solution.
Ce manga traite sans filtre de la violence psychologique d’une petite fille et des séquelles.
Ce fut une lecture dure et éprouvante pour moi, sachant que cela est la réalité de certains foyers.
Les chiffres de la maltraitance sont alarmantes. Étant un thème sociétale, j’aimerai que ce manga soit disponible auprès des plus jeunes pour libérer la parole.
Parler, c’est important
Ce que j’ai le plus apprécié, c’est le recul dont elle fait preuve pour justement se sauver elle-même de cette situation. Qu’il est possible de se faire aider, d’en parler autour de soi, voir que notre situation n’est pas malheureusement unique.
Mon bourreau de père est enfin mort, qui malgré la violence abordé, laisse émané une lueur d’espoir pour les victimes de violence. Un récit captivant et poignant. Je félicite Meian de proposer ce manga.
