Dernier succès nippon publié en France par Pika, le péché originel de Takopi (ou Takopi’s original sin de son titre original), série écrite par le jeune auteur TAIZAN5, nous conte l’histoire (ou plutôt les mais nous y reviendrons) de Takopi, un petite extra-terrestre venant de la planète Happy et faisant la rencontre de Shizuka, une jeune enfant qui semble infiniment triste.
Takopi, l'ami qui vous veut du bien
Ce n’est plus un secret pour personne, et vu la communication intensive de Pika sur le titre, le manga va ou plutôt veut nous secouer. Certains pourraient même aller jusqu’au larmes tant je pense que ce titre est à même d’amener certaines émotions et une certaine empathie envers les personnages.
Néanmoins, cela ne concernera pas tout le monde et il se pourrait que Takopi et sa bande ne vous touche pas plus que ça.
Le postulat de base a tout pour plaire, une petite bestiole mignonne à souhait, venant d’une planète où la joie et la bonne humeur sont les principes même, débarque sur Terre et rencontre une petite fille qui semble avoir une vie compliquée et tragique.
S’en suit alors moultes péripéties, entrainant Takopi dans les tréfonds de l’âme humaine, pour son plus grand malheur, jonglant entre les situations tragiques, l’abandon, le deuil et le harcèlement scolaire.
Des thématiques osées...mais
La force principale du récit se tient surtout dans ces thématiques décrites précédemment. Il est d’autant plus impressionnant de constater que le manga vient du shonen jump +, et ose aborder le harcèlement scolaire ou même la mort, le tout avec brutalité.
Oui, Takopi est dur, parfois très dur et triste. Certains moments, iront même jusqu’à vous mettre mal à l’aise, je pense ici personnellement aux situations avec le chien. La proposition d’une histoire courte mais intense, qui attention possède son lot de plot twists surtout sur la lecture du second tome, est tenue. Déconseillé aux plus jeunes, malgré l’apparence enfantine du personnage principal, je le déconseille avant 13 ans, premièrement pour que le lecteur puisse prendre conscience des situations décrites et deuxièmement à cause de la violence graphique par moment.
Le voyage de Takopi entre les protagonistes
Possédant une double lecture, voir même plus une fois les deux tomes finis. J’ai beaucoup aimé la proposition scénaristique de ce manga, jonglant entre 3 temporalités différentes et d’autant de personnages. Cette pratique permet à l’auteur de s’étendre sur deux tomes mais surtout de nous montrer plusieurs facettes d’une même histoire et donc une relecture par la suite.
On reprochera peut être un fin un peu rapide et pas totalement claire si l’on a pas été attentif tout au long du récit. Le fait de jongler entre les temporalités ne doit également pas aider.
Et graphiquement ?
On tient ici le plus gros point fort du manga, le style graphique. Possédant de magnifiques doubles planches, mais vraiment belles et très nombreuses, Takopi nous permet d’en prendre plein les yeux tout au long de notre lecture.
L’utilisation récurrente de plusieurs points de fuites et de déformations de l’espace (dites fish-eye, à l’image de la planche présente ici) dans les cases et les poses de certains personnages renforce le malaise ambiant du manga mais surtout nous met en avant un style particulier.
Des personnages aux silhouettes fines, aux têtes grossies et aux expressions faciales dynamiques et démonstratives , il n’en faut pas plus pour faire de Takopi une œuvre à part.
Faut-il donc lire le péché original de Takopi ?
A en écouter les diverses communautés en ligne, Takopi ne mérite pas ce battage médiatique et serait un manga oubliable pour qui aurait déjà de la bouteille dans les récits de ce type. Petite remise en contexte, on parle d’un manga issu du shonen jump +, non annulé, qui traite de harcèlement scolaire, de deuil et qui se permet même d’y ajouter de la violence graphique et d’autres situations dérangeantes. Rien que pour ça, donnez sa chance au titre.
Avec Takopi vous voyagerez entre trois personnages ayant chacun leurs démons, leurs faiblesses mais continuant de se battre à leur manière face aux injustices de la vie. Le genre de bouquin qu’il faudrait faire lire à un public d’adolescent (soumis à une limite d’âge), pour la prise de conscience qu’il peut apporter. TAIZAN5 a produit un bon manga, court, efficace et surtout esthétiquement en marge. Il ravira les lecteurs en recherche de shonens atypiques, permettant aussi une super porte d’entrée aux Seinens et Joseis tranches de vie qui aborderont des sujets similaires mais avec des adultes en personnages principaux (dans la majorité des cas).
Et franchement, pour deux tomes et le prix auquel ils sont (sans parler du coffret mignon tout plein), vous pouvez bien vous le permettre…
Podcasteur, Youtuber et maintenant rédacteur, je suis fan de science-fiction sous (presque) toutes ses formes !